//INTERVIEW// Connaissez-vous le compte Instagram @cosmeticsanatomy de Marie Dehlinger Scientific Story Teller à plus de 7000 abonnés?
Marie, ex-vétérinaire, journaliste puis chargée d’affaires réglementaires dans différents groupes (Nuxe, Carrefour…), connaît les problématiques réglementaires sur le bout des ongles. Elle partage sa passion des cosmétiques sous un angle scientifique sur son compte @cosmeticsanatomy et son blog Anatomie des cosmétiques. Elle travaille maintenant dans la communication scientifique en freelance et a participé à la rédaction de contenu scientifique (Yves Rocher, botimyst, Docteur Pierre Ricaud, Coptis, vulgarisation ingrédients de l’application Claire de la FEBA).
Passionnée d’innovations cosmétiques et de vulgarisation scientifique, elle relaie son savoir via son compte Instagram: des posts, des stories et des lives Instagram le dimanche. Elle n’hésite pas à remettre en question les discours et allégations controversés des marques et questionner les limites des scoring Yuka ou UFC.
Pour découvrir son compte, je vous conseille vivement son Live en replay sur la controverse des solaires (1h30!).
Découvrez son Interview à travers 4 questions
1 – En quoi ton compte Instagram alimente ta pratique professionnelle ? Ton audience est elle composée de particuliers ou professionnels?
- La majorité de mes abonnées (oui c’est une majorité de femmes!) ne travaille pas dans l’industrie cosmétique. Elles sont surtout curieuses de mieux connaître les produits, les actifs, comment ça marche, etc.
- Mais j’ai aussi des abonnés pro, que je connais ou non d’ailleurs. Ce qui peut mener à des mails rigolos de clients du type “ha oui j’ai vu ton post sur xxx c’est super, et les #chouchoudulundi aussi” (et pour savoir ce qu’est le #chouchoudulundi, rendez-vous le lundi soir en stories héhé!).
- L’avantage d’Instagram, c’est l’interactivité avec les vrais consommateurs, de voir quelles questions ils se posent, et quels sont les sujets qui ne sont pas encore bien clairs dans leur tête (et donc que l’industrie n’a pas encore réussi à faire passer le bon message, comme dans le cas des tests sur animaux en Europe). C’est une mine inépuisable de sujets! Du côté de la désinformation propagée par certaines marques également d’ailleurs. Je crois beaucoup au fait qu’on peut faire passer des messages sérieux en restant fun (oui, même la réglementation cosmétique!), et Instagram c’est un super terrain de jeu pour ça.
2 – Quel(s) conseil(s) ou référentiel donnerais tu pour sélectionner un produit ?
Je crois qu’il faut (ré)apprendre à faire confiance : les marques n’ont aucun intérêt à empoisonner leurs consommateurs! En Europe, nous avons une des réglementations cosmétiques les plus strictes du monde, et c’est un message à faire passer : le principe de base de la réglementation européenne c’est qu’un produit cosmétique doit être sûr pour le consommateur.
Pour le reste, mon conseil personnel c’est d’éviter les marques qui utilisent le marketing de la peur pour vous vendre leur produit : une marque doit communiquer sur ce qu’il y dans un produit, son efficacité, son innovation, pas sur ce qu’il ne contient pas. Et rappelez-vous : si on vous fait peur sur quelque chose (par exemple les vilains conservateurs #ironie) c’est garanti qu’on a quelque chose à vous vendre (que ça soit une marque ou des applis).
Les grandes marques sont très contrôlées et j’ai beaucoup plus confiance en elles pour mettre sur le marché des produits conformes et dont la sécurité est garantie.
Quant aux applications, elles se basent sur une information incomplète, et sur la notion de danger alors qu’en cosmétique ce qui compte c’est l’analyse de risque… (sauf l’appli Claire, qui ne donne ni note ni cotation des ingrédients ou des produits). Après ça, il reste surtout à déterminer ses envies et les besoins de sa peau. C’est ce qui devrait être les premiers critères de choix.
3 – Un exemple de controverse: si je te dis phenoxyéthanol, peux-tu nous en dire plus.
Ha le pauvre phenoxyethanol, dont le sort est assez emblématique de la désinformation qui circule. On lui reproche tout et n’importe quoi, y compris d’être un perturbateur endocrinien (ce qui n’est pas le cas), ou d’être neurotoxique… Alors que les 2 seules études ayant pointé vers un potentiel neurotoxique sont une étude avec injection directe dans le cerveau de rats (ce qui n’est quand même pas très proche des conditions cosmétiques…) ou des abatteuses (3 en tout) de saumons dans les pays nordiques qui pataugeaient littéralement dedans (le phenoxy est utilisé pour anesthésier les saumons) et avaient des vertiges et mal au crâne. Là encore ce n’est pas vraiment la même exposition qu’avec les cosmétiques. Disons que ça met bien en lumière le cherry picking (= sélectionner les études qui vont dans le sens qu’on veut) et le manque de rigueur scientifique.
4 – Pour toi, quels sont les comptes de référence en cosmétique (France, international) ?
Sur Instagram, je suis pas mal d’anglo-saxons, pour avoir aussi un autre son de cloche. The EcoWell (@theecowel) s’attache à débunker pas mal de préjugés. Dr Ginza aussi (elle est aussi super calée en réglementation @drginza). En Australie Michelle, chimiste de formation, remet aussi la science au cœur des cosmétiques (@labmuffinbeautyscience). On commence à voir aussi des comptes spécifiques réglementation cosmétique comme @thecosmeticregulator. Chez les francophones, je suis @demaquillages, @bonniegarner, @beaute_transparente, @geribook, @myssyjym et aussi @cynthiadulude (elle est québécoise et vient de sortir sur YouTube une série de 3 vidéos “Derrière les cosmétiques” qui sont d’une qualité rare). J’en oublie plein sans doute!
—- Le mot de la fin
Merci à Marie pour la participation à cette interview et son partage très utile de connaissance! J’ai découvert Marie sur Linked in à travers un post justement controversé sur les cosmétiques, sujet que j’avais suivi de près lorsque j’étais en charge de développement de l’offre mdd soin bébé en retail.